Love Tales
Une proposition de Lesia Kulchynska
La guerre orchestre les sentiments. Elle suscite des émotions fortes, et en rend d’autres inaccessibles voire inacceptables. Les sentiments les plus puissants sont ceux qui sont collectifs, comme l’amour ou la haine, le deuil ou l’espoir. Ils sont articulés à travers différents médias, ritualisés par des procédures publiques – ils sont importants, légitimes et incontestables. Il est possible de se joindre à ce chœur et trouver un certain réconfort.
Il existe pourtant de nombreux autres sentiments, plus compliqués ou plus particuliers, négligés par l’agenda politique dramatique actuel. Ces derniers sont les cicatrices des combats intérieurs et des vicissitudes traversées, les traces des liens trop serrés ou brisés, ou des désirs incompatibles. Ils doivent demeurer quelque part dans nos entrailles, à attendre de meilleurs jours pour se faire entendre ; les jours où nous serons autorisés à vivre, et non plus à survivre.
Love Tales est une proposition de cinq œuvres vidéo d’artistes ukrainienne·e·x·s produites durant les neuf dernières années, à proximité de la guerre, anticipativement de quelque chose. Cette collection est un regard nostalgique porté sur une région à présent abandonnée – un paysage abondant de désirs, de souhaits, d’anxiétés, de rancœur ou d’insécurité ; tous ces drames personnels essentiels, qui sont devenus aujourd’hui des sujets de discussion inappropriés. Tous évoquent diverses manifestations de l’amour, en touchent les aspects les plus délicats, remuant les couches de sensations troublantes. Ce sont également des récits de violence et de perte, de soif d’inaccessible. Le désir d’être aimé et reconnu est probablement le sujet implicite qui les lie. Le désir d’être en vie est probablement ce qui rend ces récits aussi précieux à mes yeux aujourd’hui.
– Lesia Kulchynska
Legend of the Bear Mountain
Yuri Yefanov
2014
Ayu-Dag (Tatar de Crimée : Ayuv Dağ, Russe : Аю-Даг, ukrainien : Аю-Даг, Grec : Αγια (Aya – « Saint »[1])) est une montagne de Crimée. Elle est également connue sous le nom de Vedmid’-hora (montagne de l’ours) (ukrainien : Ведмідь-гора). Elle se trouve à 16 km au nord-est de Yalta, entre les villes de Hurzuf et Partenit.
Yuri Yefanov (*1990, Zaporizhzhya, Ukraine) est un artiste et un cinéaste basé à Kiev, en Ukraine. Yefanov a grandi en Crimée, à Hurzuf, et est diplômé de l’Université de la Culture et des Arts de Kiev, faculté de réalisation de films et de télévision. Son travail a été présenté dans divers festivals internationaux de films expérimentaux et dans des expositions en Europe et aux États-Unis.
Sex, Мedicated, Rock-n-Roll
Anatoly Belov
2013
Sex, Medicated, Rock-n-Roll est un court épisode d’une comédie musicale queer inexistante sur la simplicité d’un triangle amoureux. Deux garçons et une fille sont amoureux l’un de l’autre, mais pas mutuellement. Chacun·e est à la fois un sujet de désir rejeté et inaccessible. Chacun·e des héros a sa propre histoire dramatique de l’impossibilité de l’amour – l’une d’elles nous est chantée par un jeune homme autrichien pour ses nouveaux amis ukrainiens.
Anatoly Belov (*1977, Kiev, Ukraine) vit et travaille actuellement à Kiev. Il est diplômé de l’École d’art républicaine Taras Shevchenko et de l’Université technique nationale d’Ukraine. Depuis 2004, il est membre des groupes suivants : Groupe R.E.P. (Revolutionary Experimental Space) ; groupe Penoplast ; Emblika Quali ; Lyudska Podoba ; Cybele et Cobra-Chupacabra. Belov a participé à des résidences au Centre d’art contemporain fondé par George Soros à Kiev (2005), à l’Association Rotor pour l’art contemporain à Graz (2009), à Post-Studio Tales – District Berlin (2012) et à KulturKontakt Austria (KKA) à Vienne (2012).
Wedding – Funeral
OKCANAS (Anti Gonna & Oksana Kazmina)
2017
Dans ce film, stylisé comme une farce tragi-comique ukrainienne classique, les artistes explorent l’institution du mariage et la schématise dans une simplicité absurde, où tout est prévisible et stéréotypé. Si on laisse notre rêve, notre sincérité et nos sentiments derrière nous, alors une routine « drôle » et dégoûtante est la seule chose avec laquelle on doit rester marié.
Anti Gonna (*1986, Vinnytsia, Ukraine) est une cinéaste indépendante, artiste, actrice et mannequin trash qui vit et travaille entre Kiev, Odessa et Varsovie. Son travail explore des thèmes tels que la peur, la violence, la mort et une nouvelle vision de la sexualité. Son travail a été présenté dans divers festivals et musées à l’échelle internationale, notamment : Radically Different Society à l’Ukrainian Institute of America (New York, USA) ; FINNOF (Condor, Santa Fe, AR) ; Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea (Turin, IT), Haus der Kunst (München, DE), Munich Moderna Museet (Stockholm, SE) et bien d’autres encore. En 2021, elle a présenté deux expositions personnelles au Musée d’art contemporain (Odessa, UK) et au KKKC Exhibition Hall, (Klaipeda, LT). Depuis 2017, elle est la cofondatrice du collectif artistique OKCANAS avec Oksana Kazmina.
Diorama
Zoya Laktionova
2018
La vie s’écoule dans sa réalité quotidienne, mais soudain, quelque chose d’insaisissable change le cours des choses. Il ne reste plus que la possibilité de se plonger dans des souvenirs où tout est préservé, comme dans un musée.
Zoya Laktionova (*1984, Mariupol, Ukraine) est une cinéaste qui vit et travaille actuellement à Graz, en Autriche. Le premier contact de Laktionova avec le monde du cinéma documentaire a été en tant que personnage dans le film Ma (2017) de Maria Stoianova. Un an plus tard, elle a réalisé son premier court documentaire Diorama sur la mer minée dans la région de Mariupol. Le film a remporté un prix dans la catégorie MyStreetFilms au festival « 86 » (Ukraine) en 2018, et il a depuis été présenté dans de nombreux festivals de films européens tels que DOKLeipzig (Leipzig, DE) Ji.Hlava (Jihlava, CZ), FilmFestival Cottbus (Cottbus, DE), parmi d’autres. En 2021, Laktionova a présenté son nouveau court-métrage Territory of Empty Windows (2020) au DocudaysUA IHRDFF.
The End
Borys Kashapov
2017
Applaudissement d’un spectateur. Bien que cette scène ait l’air solennelle, son ambiance est plutôt triste. Lorsque les applaudissements retentissent, la conversation est terminée, le dialogue n’est plus possible.
Borys Kashapov (*1984) est un artiste de Kiev, temporairement installé à Rome, qui travaille avec la vidéo et la performance. À travers ses œuvres, il explore les relations de pouvoir dans l’art et les aspects politiques de la forme. Kashapov a été membre du groupe REP, du dream-band Penoplast et du collectif The Gay Carousel. Parmi ses expositions récentes : Fast, Easy, Unsafe (2021) à Arsenal (Kyiv, UA), Portrait of my So(u)il (2022) à Muzeul de Arta Recenta (Bucarest, RO), Here. Now (2022) à Rezidența 9 (Bucarest, RO), State of Emergence (2022) à Catinca Tabacaru Gallery (Bucarest, RO), Ghosts Are Welcomed to the Garden (2022) à Istituto Svizzero (Rome, IT), Sweet Dreams Foundation (2022) à Nida Art Colony (Nida, LT).