Koondhor Panorama
Novembre 2022
Une proposition de Lhaga Namlha Koondhor
Le Centre d’Art Contemporain Genève présente le deuxième chapitre de son Panorama Suisse, un programme présentant une sélection d’œuvres numériques récemment produites par des artistes suisses, ou vivant en Suisse, qui vise à dresser un panorama des territoires et des formes émergeant de la scène artistique locale. Le commissariat de ce programme mensuel est assuré par Lhaga Namlha Koondhor.
En tant qu’artiste et commissaire d’expositions interdisciplinaires, la pratique de Lhaga Namlha Koondhor s’étend au travail de commissariat d’exposition, de direction artistique et de programmation musicale. Ses projets, toujours liés à des thèmes lyriques (parasitisme, reproduction, pop et contre-culture), s’articulent à la manière d’une théorie-fiction et d’une mythologie orale. Ils s’appuient sur une approche collaborative, ne se limitant pas à une voix d’auteur dominante, et s’articulent plutôt à travers l’inclusion d’une multiplicité de voix et sont marqués par une compréhension commune.
Née en Suisse, Lhaga Namlha Koondhor vit et travaille actuellement entre Zurich et Shanghai. Également connue sous le nom de Asian Eyez, elle se définit comme curatrice et provocatrice culturelle qui s’emploie à établir des stratégies d’inclusion et à effacer les frontières entre disciplines. Par des moyens innovants, elle fédère son réseau et sa communauté pour créer des interventions artistiques qui vont au-delà des systèmes existants et approfondissent la notion de communité.
Garrett Nelson
Iels Allaient Dévorer Ensemble…
2021
Ce court-métrage est une adaptation d’une scène du film gay Adam and Yves de Peter de Rome (1974), dans laquelle les personnages principaux observent et racontent un fétiche uniquement parisien : Le Soupeur. Toute personne portant une baguette à Paris est suspecte !
Le film a été tourné à Paris comme une forme alternative de documentation et comme l’aboutissement de la série de performances Anácronicas I, II, III, qui a été présentée dans le cadre de la première rétrospective itinérante de Cathy Josefowitz, The Thinking Body (2021-2022), au Centre Culturel Suisse Paris, au Kunsthaus Langenthal, à l’Arsenic Lausanne et à la suite d’une résidence de recherche à La Becque.
Garrett Nelson (*1982) réalise des œuvres d’art qui relèvent de la performance, du texte et de l’image. Son travail est souvent en relation directe avec celui d’autres artistes, écrivain.e.x.s, architectes et activistes, créant des dialogues, des collaborations, des analyses critiques, des recadrages historiques et des cheminements de pensées. Iel travaille sur l’histoire contemporaine de la voix dans l’art de la performance comme stratégie féministe queer pour prendre de l’espace et créer de la visibilité. Nelson a précédemment exposé dans diverses institutions et manifestations internationales : au Museo de la Ciudad Mexico, à la Kunsthalle de Zurich, à Taylor Macklin de Zurich, à Oslo10 Bâle, à la Kunsthalle de Bâle, au Centre Pasquart de Bienne, au SALT Galata d’Istanbul, aux Urbaines de Lausanne, à la Biennale de Sinop en Türkiye et au Munar de Buenos Aires.
Giulia Essyad
BERRY CONTENT
2021
La vidéo de Giulia Essyad met en scène un personnage portant un costume bleu gonflable, sautillant au rythme d’une chanson pop dans un hall d’usine. L’artiste reprend une scène du film Charlie and the Chocolate Factory, où la protagoniste Violette Beauregard se transforme en myrtille après avoir mangé un chewing-gum magique. L’effet de « Blueberry Inflation » est devenu un mème internet pour toute une communauté d’internautes, jusqu’au point où des costumes de myrtilles gonflables sont désormais vendus en ligne. La chanson pop de la vidéo est extraite de publicités pour ces costumes gonflables.
Giulia Essyad (*1992) est une artiste, poète et performeuse lausannoise qui vit et travaille à Genève. À travers sa pratique, elle expérimente la sculpture, la photographie, la vidéo, l’écriture et son propre corps. Essyad observe et questionne les représentations du corps, tant en ligne que dans l’espace réel – en s’intéressant particulièrement aux formes d’aliénation qui accompagnent la production, la circulation et la consommation d’images du corps. Invitée à la BIM’21, Giulia Essyad a présenté Bluebot qui retrace l’histoire d’une poupée-robot dans une société futuriste matriarcale. Une version du film a également été présentée à la station Chêne-Bourg du Léman Express, dans le cadre du projet MIRE produit par le Fonds Cantonal d’Art Contemporain Genève.
Jiajia Zhang
Untitled (After Love)
2021
Le regard porté sur une fleur de crête de coq évoque une multitude et une succession d’images qui se lient les unes aux autres : vidéos de famille, reportages télévisés, contenus de réseaux sociaux, citations, scènes improvisées et vidéos de karaoké. Ces images évoquent les sentiments ambivalents qui existent à la fois au sein des structures familiales et de la société : appartenance versus détachement, engagement versus autonomie, obéissance versus rébellion. Fêtes d’anniversaire, enterrements, vidéos Tiktok de maquillage extrême, danses familiales extatiques, autoportraits et jeux de rôle entre parent et enfant, entre spectateur et performeur, entre individu et communauté – autant d’interactions complexes ici représentées.
Dans la bande-son essentiellement de source occidentale, en référence à la jeunesse de l’artiste en Suisse, apparaissent et disparaissent les méga stars asiatiques Teresa Teng et Leslie Cheung, telles les figures emblématiques d’une culture à laquelle l’artiste a eu un accès plus restreint. La répétition du format karaoké immerge le public dans un chœur imaginaire qui navigue entre différentes cultures, événements, émotions et les sentiments.
Jiajia Zhang (*1981) manipule de multiples supports d’images (en mouvement) numériques, de la vidéo et de la photographie, qu’elle présente dans des installations spatiales. Suivant un protocole précis, elle compose des sortes de collages inattendus à partir de fragments d’images qu’elle produit et d’images trouvées. Ce processus provoque la rencontre de phénomènes sociaux de produits industriels avec des éléments singuliers et personnels comme des vidéos privées sur YouTube ou des publications Instagram. L’artiste brise ainsi une frontière chargée de tensions où se mêle le personnel et le général, et interroge nos perceptions du privé et du public. Si l’œuvre de Zhang agit comme un examen pictural de la réalité, elle nous confronte également à une perception spéculative.
Jiajia Zhang a étudié l’architecture à l’ETH Zurich de 2001 à 2007 et la photographie à l’International Center of Photography, NY, de 2007 à 2008. En 2020, elle a terminé son Master of Fine Arts à la Haute école des arts de Zurich (ZHdK). Son travail a fait partie de diverses expositions, notamment Fluentum, Berlin (2022), Swiss Art Awards, Bâle (2022) ; Werkstipendium Zürich (2022); Friart, Fribourg (2022); Coalmine Kulturort, Winterthur (2021); Kunsthaus Glarus (2021); Fondation d’entreprise Pernod Ricard, Paris (2021); Haus Wein (2020); Kunsthalle Zürich (2020); Kunsthalle St. Gallen (2019)